
PLaine
de l'instant présent
« Mon voyage commence dans la plaine de l’instant présent où je laisse mon souffle me guider. Chaque respiration est un pas dans la plénitude du moment. Je suis en paix, délivré de l’emprise du temps, relié à moi-même et au monde. »
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Je me libère des regrets du passé et des craintes du futur :
JE SUIS PLEINEMENT DANS L’INSTANT PRESENT
Au fil de mon existence, je me persuade que ma vie sera meilleure quand j’aurai un emploi stable, après m’être marié, avoir eu des enfants… Plus tard, je pense que je serai plus heureux quand ceux-ci auront terminé leurs études, auront un travail, quand je posséderai une voiture plus puissante ou une plus grande maison, quand je serai à la retraite. Et si maintenant était le meilleur moment pour bâtir mon bonheur ?
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J’ai tendance à espérer, imaginer, émettre des hypothèses, vivre dans l’illusion. Et pourtant rien ne s’est jamais produit ni dans le passé, ni dans le futur. Toute action se produit au présent, dans « l’Ici et Maintenant ». C’est le seul instant qui existe réellement, où il m’est permis d’exister, dans lequel je peux poser des actes. Je vis ce qui est là, ce qui est !
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C’est un moment unique et précieux qui ne se répète pas : chaque instant de ma vie est irremplaçable. En japonais, le mot « ichigo ichie » définit : « ce que je suis en train de vivre maintenant et qui ne se reproduira jamais plus de la même manière ». C’est une invitation à m’ouvrir à cette parenthèse de vie, à l’accueillir, à l’utiliser dans la gestion des espérances ou des doutes liés à mon avenir et des évènements survenus dans mon passé :
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1/ Ce futur imprévisible que je prépare au mieux : cet « à-venir » qui peut générer du stress, de l’anxiété : un examen, un rendez-vous amoureux, un entretien d’embauche…
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Exemple : je suis convoqué demain à un entretien d’embauche. J’ai l’après-midi pour le préparer. Si je pense sans arrêt à ce moment, je vais être envahi par des tas de questions du style : « et si on me demande telle chose, et s’il pleut, et si… ». Ces interrogations vont générer des tensions et m’empêcher de me préparer correctement. Idem pour le repas et le sommeil : la « boule au ventre » et les ruminations qui vont perturber mon diner et ma nuit. Résultat : je vais arriver à mon entretien mal préparé et en petite forme physique. C’est pourquoi je vis chacun de ces instants bien ancré dans le présent. La réalité reste la même : j’ai ce rendez-vous demain. Mais au lieu d’y penser sans cesse, d’élaborer mille et un scénarios, d’anticiper des situations improbables, je me replace dans l’ICI et MAINTENANT : afin d’être au maximum de mes potentialités demain, ici et maintenant cet après-midi je révise, ici et maintenant ce soir je mange, ici et maintenant cette nuit je dors. Cette perception me permet de diriger exclusivement mon attention à l’activité du moment, sans stress négatif ni pensées parasites. Résultat : j’arrive à mon rendez-vous le lendemain bien préparé mentalement et physiquement, en pleine possession de mes moyens.
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2/ Ce passé indélébile qu’il m’appartient d’accepter, d’intégrer dans mon histoire : ce passé que je laisse parfois venir modifier mon quotidien en s’insérant insidieusement dans ma vie sentimentale, professionnelle. Il y a ces souvenirs chargés de ressentis positifs que je cherche vainement à reproduire, à revivre avec nostalgie. Et puis il y a ces pans douloureux de mon histoire que je déplore, qui nourrissent mes pensées de remords, de regrets : « si j’avais su », « j’aurais dû faire autrement », etc…
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Je peux aussi vouloir faire en sorte qu’ils n’aient jamais existé, essayer désespérément de les effacer de ma mémoire. Mais plus je m’efforce à les faire disparaître, plus ils se renforcent à mon insu pour revenir me hanter de plus belle. En luttant contre les évènements passés par le déni ou le doute, je m’engage sur deux voies sans issues. J’autorise le passé à peser sur mon présent.
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Il en est de même pour le sentiment de victimisation qui m’embourbe dans l’immobilisme et la souffrance. Je suis alors, soit soumis à ma triste condition, soit prisonnier du désir de vengeance à l’égard de celles et ceux qui m’ont blessé. Et le temps qui passe ne fait qu’aggraver les choses…
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Chaque fragment de mon existence, qu’il soit agréable ou non, a façonné la personne que je suis aujourd’hui.
Le fait de reconnaître mes souvenirs comme faisant partie intégrante de mon parcours de vie me permet de les traiter avec recul, d’en analyser et d’en accepter les effets induits sur ma personne, de m’apaiser pour accéder à une plus grande stabilité émotionnelle. Être en paix avec mon passé et présent dans l’ici et maintenant m’affranchit des angoisses de la pensée compulsive et des conditionnements culturels et familiaux dont découlent mes peurs, mes croyances. Tous ces fardeaux accumulés au long de mes expériences, toutes ces certitudes, ces réflexes conditionnés qui empêchent la remise en question, tous ces doutes qui me freinent. Je reprends conscience d’avoir le choix, je me permets de pouvoir emprunter de nouvelles directions. Je peux ainsi redevenir maître de mon présent et non esclave de mon passé.
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Être dans l’instant présent est une pratique qui demande de la concentration, de l’entraînement car c’est un moment éphémère : le temps de lire la phrase précédente appartient déjà au passé. Cette fugacité ajoute à la difficulté de le vivre, avec ce sentiment qu’il m’échappe avant même que je n’ai pu le saisir. De plus, mon mental (l’hémisphère gauche de mon cerveau en particulier) fuit ce moment qu’il ne peut contrôler. Il s’applique par réflexe de protection à me ramener vers ce passé qui lui confère une identité et/ou ce futur imaginé par lui qui lui accorde un espoir. C’est ce ballet incessant qui me mène vers l’angoisse d’accéder à tout prix aux objectifs de demain pour effacer les échecs d’hier. Et puis refuser d’aller chercher le bonheur, c’est aussi une manière de me prémunir de sa perte possible, de la souffrance qu’elle peut engendrer.
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L’hémisphère gauche de mon cerveau, conscient rationnel et logique, raisonne et analyse. Il fonctionne en binaire, pour une façon unique de faire les choses : une question induit une réponse. Il me permet de m’organiser, de m’intégrer socialement en adoptant le même code de fonctionnement que la majorité des individus. Il pense avec le langage : c’est la petite voix qui me parle, qui relève les défauts en émettant des jugements. Il adopte une attitude égocentrique, n’a conscience que de lui-même. Il se positionne dans le temps de manière linéaire, soit dans le passé, soit dans le futur.
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L’hémisphère droit est, quant à lui, inconscient irrationnel, émotionnel, intuitif et créatif. Il développe mon sens de l’observation, facilite la résolution de tâches complexes, prend des décisions rapides et me fait raisonner de manière indépendante, autonome. Il perçoit la beauté des choses, pense avec des images, est tourné vers les autres. Il est exclusivement centré sur le présent, la notion de temps lui est inconnue, tout comme le concept du « moi ».
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Les règles de la société et de l’éducation basées sur le rationnel et la logique me dirigent, dans la plupart des cas, vers la préférence de raisonnement cerveau gauche, en créant une dysharmonie avec le cerveau droit. Je vis une dualité entre une part de mon mental qui veut me dissocier de mon environnement et une autre qui veut m’y associer. Si les activités du cerveau gauche sont importantes, j’ai besoin d’instaurer une complémentarité constructive entre ces deux hémisphères pour m’ouvrir non seulement à la connaissance de moi-même, mais aussi à celle des autres et de mon entourage.
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Chaque moment passé dans l’instant présent affaiblit cette emprise du mental en œuvrant à renforcer cette complémentarité. La conscience de mes émotions et de mes ressentis dans l’ici et maintenant permet à mon corps d’évoluer au même rythme que mon esprit. Ce fonctionnement harmonieux induit une mise en repos de mon cerveau, tout en resynchronisant ses deux hémisphères. Je suis apaisé, je prends du recul. Je peux alors concevoir que mes maux ne sont pas engendrés par la réalité elle-même mais bien par l’interprétation que je m’en fais.
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Être dans l’expérience vécue comme un héritage de l’enfance : sans jugement, sans résistance, ouvert aux sensations et émotions. Je gagne en sérénité, en insouciance, en liberté.
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Je me dégage de l’angoisse de ma finitude, donc de l’urgence frénétique de vouloir « gagner du temps », de tout accomplir et tout posséder immédiatement. Être dans l’instant présent, c’est simplement accepter ce qui est, ce qui est ressenti, se sentir connecté à soi-même et au monde. C’est trouver le calme qui me permet ensuite de savoir choisir, agir et prendre mes responsabilités.
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Et comme s’interroge Maître Dôgen : « si je ne trouve pas ce calme ici et maintenant, où le trouverai-je et quand le trouverai-je ? »
ExercicE : LA PROMENADE AU BORD DE MER
j’expérimente les ressentis positifs du vécu dans le présent élargi, notion développée par Henri Bergson. Un moment qui se prolonge plus facile à identifier, à vivre, toujours en me servant de ma respiration et mes cinq sens : celui d’une promenade en bord de mer, d’un repas chaleureux entre amis… Le temps ralentit, s’allonge et me transporte. Je me sens bien, totalement présent à moi, aux autres et à mon environnement. C’est un espace parenthèse dans lequel passé et futur n’existent plus, dans lequel je perds la conscience de ma finitude. Cette pression du temps absente, je peux m’abandonner sereinement à quelques instants de liberté absolue :
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en position assise, les yeux fermés : « Je porte mon attention sur ma respiration… J’inspire par le nez en sortant le ventre et j’expire en entrant le ventre… Sans forcer, dans le confort du geste…Je peux, si je le désire, imaginer un tube qui descend jusqu’à un petit ballon dans mon ventre… A l’inspiration, le ballon se gonfle, à l’expiration, il se dégonfle lentement… Expiration lente dont le temps est deux fois plus long que celui de l’inspiration… Respiration de plus en plus calme, de plus en plus régulière, de plus en plus abdominale… Respiration qui régénère, oxygène et apaise l’ensemble de mon corps… Je prends le temps d’accueillir ces sensations agréables associées au mouvement calme et régulier de ma respiration qui va et vient librement…
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Je m'imagine marcher au bord de mer, sur une plage… La température est agréable … Le ciel est dégagé, d’un bleu intense… Tout comme la mer, calme, limpide… Je laisse mes sens s’éveiller… Je sens mes pieds s’enfoncer à chaque pas dans le sable chaud… Une légère brise caresse mon visage et toutes les parties découvertes de mon corps… J’observe les formes et les couleurs du paysage alentour… Je perçois les sons du flux et reflux des vagues, du vent, des oiseaux de passage… Je laisse mon odorat capter les senteurs de la mer, des embruns… Je suis bien, détendu… Je ne fais qu’un avec ce qui m’entoure… Et j’accueille en même temps les sensations internes à mon corps… Ma respiration, calme et régulière… Je prends le temps de profiter de tous les ressentis positifs que cet instant de détente agréable et profond génère en moi…
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Je me fais à présent à l’idée de revenir dans quelques instants seulement ici et maintenant, dans cette pièce… Je porte mon attention sur mes pieds… Je bouge doucement mes pieds… Mes jambes… Je pianote avec mes doigts… Je bouge le buste, les bras… Je prends de profondes inspirations… Je bouge la tête avec précaution… Je m’étire… Je baille si j’en ai envie… Et j’ouvre les yeux… »
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