
LAC
DE L'IMPERMANENCE
« Assis face au lac de l’impermanence, je regarde mon reflet changer au gré des caprices du temps. Lumineux sous l’effet des rayons du soleil, distendu par les vaguelettes de la douce brise, déformé par la danse des gouttes de pluie, puis à nouveau baigné de clarté sous l’arc-en-ciel naissant. »
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Je m’adapte aux changements
J’ACCEPTE L’IMPERMANENCE DE LA VIE
J’évolue au sein d’un univers où tout ce qui apparaît est amené à disparaître, où tout se transforme sans cesse. Rien n’est immuable, chaque phénomène n’est que passager et ne perdure pas.
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Mon existence, de la même façon, peut basculer à chaque instant. Toute situation évolue négativement ou positivement, sur le plan personnel (disparition d’un proche ou naissance d’un enfant, divorce ou mariage…) et sur le plan professionnel (licenciement, évolution de carrière, embauche…). Je laisse quelque chose pour trouver autre chose à chaque étape.
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La vie est mouvement. Ce changement perpétuel peut paraître déplaisant tant il est aisé de se laisser bercer par sa routine, ses habitudes. Il permet pourtant aux choses et aux êtres vivants de s’adapter, de garantir leur vitalité, leur beauté.
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C’est un cycle inévitable et tout à fait naturel. Mais sortir de ma zone de confort et changer de repères peut me faire peur. Gérer cette nouvelle part d’inconnu qui se présente à l’horizon peut effectivement sembler compliqué, surtout à la sortie d’un évènement malheureux. Difficile d’assimiler ces épisodes de ma vie qui ne se sont pas déroulés comme prévu, qui ne m’ont pas apporté ce que je souhaitais ou pire encore, qui m’ont éloigné de quelqu’un de proche. Il m’est inévitable de traverser ces périodes d’obscurité, de déception, de frustration malgré mes désirs de bonheur. Je peux rencontrer la colère, la tristesse, le découragement sur mon chemin quand je suis confronté à un évènement négatif.
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Mais je peux aussi réaliser que je n’ai pas d’emprise sur cet évènement, je ne peux ni le modifier, ni l’annuler. Il est là, il fait désormais partie de mon histoire. Je peux par contre agir sur la façon dont je vais le laisser derrière moi, l’abandonner, le « digérer » pour m’en libérer et pouvoir tourner la page. A défaut de contrôler la situation, je contrôle mes réactions. Je prends alors conscience que ce n’est pas ce qui m’arrive qui me rend heureux ou malheureux, mais bien la façon dont je choisis de l’accueillir.
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Les freins au changement :
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. Le cortex préfrontal de mon cerveau jauge en permanence l’utilité d’un changement face à l’effort envisagé et au délai pour l’accomplir. S’il n’est pas certain du bénéfice, il reporte la décision à plus tard.
. Je favorise les comportements répétitifs en privilégiant un confort fantasmé à l’incertitude d’un changement : toute nouveauté induit une charge mentale supplémentaire pour mon cerveau et mon organisme en général, qui par instinct de survie, s’évertuent à dépenser le moins d’énergie possible.
. L’aversion à la perte : je préfère généralement garder ce que j’ai plutôt que risquer de tout perdre.
. Le biais de négativité : les informations négatives impactent mon réseau émotionnel et ma mémoire davantage que les positives.
. Le biais de statu quo : j’ai tendance à surestimer les risques et inconvénients d’un changement et à en sous évaluer les bénéfices.
. Mon cerveau fonctionnant en mode économie ne recherche pas systématiquement « l’alignement » entre mes valeurs profondes et mes actes : il se contente de rechercher une forme de reconnaissance absolue sans se soucier de ce qui fait sens pour moi. Je vis alors le syndrome de l’imposteur ou du bon élève.
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Tous ces freins sont néanmoins à mettre en balance avec l’appétence de nouveauté dont a besoin mon cerveau pour progresser.
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Rien n’est tout blanc, rien n’est tout noir, mais plutôt dans les nuances entre gris clair et gris foncé. Chaque évènement me met face à deux options à parts variables : une représentant un danger et l’autre représentant une opportunité, comme le transcrit le mot « crise » en chinois. Cette notion est représentée par deux idéogrammes : « wei ji ». « Wei » signifie danger mais « ji » a le sens de point de basculement, d’instant décisif comme base d’opportunité, de changement positif. C’est donc le moment où je suis en péril, mais où se profilent en parallèle de nouvelles directions.
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Ce qui est certain, c’est qu’il m’est beaucoup plus confortable de vivre ces épreuves en les acceptant telles qu’elles se présentent à moi. Malgré la souffrance, je peux les aborder comme une opportunité de vivre de nouvelles expériences, de prendre un chemin neuf, tout en intégrant les enseignements de la situation passée.
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Le nouveau succède à l’ancien : c’est une invitation à laisser le connu pour s’ouvrir aux champs du possible. L’impermanence engendre la création.
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J’ai donc pour alternative de ne pas me laisser submerger par la vague déferlante de la peine, du tourment. Je prends conscience que les bateaux ne coulent pas à cause de l’eau qui les entoure. C’est elle qui leur permet d’évoluer, d’avancer à un rythme différent selon qu’elle soit calme ou agitée. Ils sombrent à cause de l’eau qui rentre à l’intérieur.
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C’est pourquoi je prends garde de ne pas laisser les évènements qui surviennent dans mon environnement pénétrer mon esprit et me faire sombrer. Je fais le deuil de ce qui était, de ce qui aurait pu être, de ce qui aurait dû être, pour vivre aussi pleinement que possible la vérité de l’instant et tenter de lui donner du sens.
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Apprendre à accepter est la clef pour apprendre à changer. L’acceptation n’est pas la résignation, la passivité, la fuite : c’est seulement reconnaître que les choses sont ce qu’elles sont, ne pas les rejeter ni vouloir les modifier.
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J’accueille la réalité qui se présente, de manière à m’adapter et réagir au mieux. Je dis : « oui » à la vie telle qu’elle est, avec son cortège de désillusions, d’injustices, d’incertitudes. Malgré les blessures, les dommages supportés, je fais face avec sérénité, avec respect pour moi-même et pour les personnes qui subissent l’épreuve.
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Je surmonte pour ce faire l’obstacle du jugement. Je laisse de côté les reproches, les critiques, les rancœurs, le désir de changer les autres. Ne pas y arriver est source de difficultés émotionnelles. Cette phase de dépassement de soi et d’analyse provoque une remise en question qui peut aboutir à un profond changement de mon existence, pouvant s’étendre sur une durée plus ou moins longue. Je la vis à mon rythme en prenant le temps nécessaire.
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Et je me remets en mémoire ces mots de Socrate : « N’oublie jamais que tout est éphémère. Alors, tu ne seras jamais trop joyeux dans le bonheur, ni trop triste dans le chagrin ».
Exercice : LES QUATRE SAISONS
Exercice en respiration quatre temps pour prendre conscience de l’utilité du changement :
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En position assise : « Je me centre sur ma respiration… Je pose mes mains sur mon ventre pour prendre contact avec elles… Et je laisse ma respiration devenir de plus en plus abdominale… Je la sens, là, sous mes mains, calme, douce, régulière… Puis je passe maintenant en respiration à quatre temps, tout simplement en observant une pause poumons pleins après l’inspiration et une pause poumons vides après l’expiration… Sans forcer mon souffle, dans le confort du mouvement… Je peux pour m’aider dessiner mentalement un carré… Chaque côté du carré correspond à un temps de respiration… 1 j’inspire, 2 pause poumons pleins, 3 j’expire, 4 pause poumons vides… Je m’applique à donner une durée égale à mes respirations et mes temps de pause… Et je peux maintenant imaginer associer ces quatre temps respiratoires aux quatre saisons… L’inspiration symbolise le printemps, la pause poumons pleins représente l’été, l’expiration exprime l’automne et la pause poumons vides figure l’hiver… J’inspire en me laissant porter par la dynamique du printemps, je marque la pause en songeant à l’épanouissement de l’été, j’expire en vivant les mutations de l’automne et je marque la pause en prenant conscience de l’inertie de l’hiver… Je laisse venir à moi pour chaque saison des images, des sensations, des souvenirs, des émotions… Puis je reviens maintenant à une respiration abdominale à deux temps, toujours calme, régulière, tout en continuant à faire défiler les saisons… L’automne, l’hiver, le printemps, l’été… L’automne, les changements de couleur, les arbres qui laissent aller leurs feuilles, le moment où on dit au revoir à l’ancien dans le cadre d’une transition positive, bénéfique… L’hiver, la nature en repos, l’inertie, la pause questionnement entre passé et ce qui arrive… Le printemps, la vie qui bourgeonne, le temps de la reconstruction, de l’éveil, de l’acceptation… L’été, l’énergie du soleil, la maturité, la plénitude… Et je laisse défiler ces saisons au rythme calme de ma respiration en prenant conscience que chacune a son utilité, qu’elle soit en phase croissante ou décroissante… L’équilibre de la vie, à l’image de celui des saisons, découle de ce changement perpétuel et de cette complémentarité… Et toujours centré sur ma respiration abdominale, je me prépare à revenir dans quelques instants seulement ici et maintenant… Je bouge doucement mon corps, je prends de profondes respirations, je m’étire, je baille si j’en ai envie et, à mon rythme, j’ouvre les yeux… »