
Forêt
du sens
« Dans la forêt du Sens, je suis acteur de ma vie. Je décide de la place que je donne à chacun de mes rôles pour les habiter en fonction de mes valeurs, de mes idéaux. Je prends du plaisir, je suis dans la pleine conscience de mes moyens, de mes chances. »
JE DONNE DU SENS A MON EXISTENCE
J’AI CONSCIENCE DES ROLES DE MA VIE
Donner un sens à mon existence, c’est établir des passerelles entre les empreintes de mon passé, les interrogations de mon présent et la préparation de mon futur.
C’est rêver, avoir un ou plusieurs objectifs qui guident mon parcours de vie. Dans le respect de mes valeurs, je mets mes ressources en action pour me réaliser dans l’atteinte de ce ou ces buts. Plus je suis cette orientation, plus ma vie prend de la signification. Je ressens des sensations positives, motivantes, apaisantes. Je donne corps à mes ambitions en harmonisant mes pensées, mes sentiments et mes activités.
Chaque réalisation d’un de mes rêves ou objectifs, même le plus petit, me fournit plaisir et satisfaction. Elle nourrit ma confiance en moi et me donne de l’énergie pour atteindre le barreau suivant sur l’échelle de mes idéaux.
Il peut arriver que les aléas de la vie ou la routine du quotidien me fasse prendre une direction qui m’écarte de ces idéaux. J’oublie alors mes valeurs, je fais passer mes rêves au second plan pour me focaliser sur l’aspect matériel des choses au détriment de mon équilibre intérieur. C’est pour cela qu’il est important de faire le point périodiquement sur mon itinéraire de vie et faire le tri pour ne garder que l’essentiel, en adéquation avec mes objectifs de bonheur. Comme procède un randonneur qui se réoriente régulièrement avec sa boussole pour arriver à bon port. Cette mise au point est bénéfique car mon mécanisme de survie me permet de m’adapter aux circonstances, quelle que soit leur origine.
A l’image de tout être humain, je suis par nature un éternel insatisfait qui me compare aux autres, qui veut toujours mieux et plus. Préoccupé par ce que je n’ai plus, ce que je n’ai pas ou ce que je souhaite avoir, je passe à côté des plaisirs du quotidien. Je ne savoure plus les petites ou grandes « chances » qui s’offrent à moi en permanence.
Par exemple tourner un robinet et bénéficier d’eau potable, froide ou chaude, rencontrer librement mes amis, pouvoir assister à un concert, une séance de cinéma. Mon aptitude à jouir de tous ces bonheurs offerts s’étiole indubitablement au fil du temps. Un chemin sans bien-être intérieur conduit tout droit à l’impasse de la déception. La satisfaction purement matérielle s’avère être sans limite : elle obéit à la loi du « toujours plus », générant manque et frustration. Si elle peut apporter provisoirement du bonheur sous forme comparative, elle n’y contribue pas dans l’absolu.
S’attacher à embellir la façade de l’Avoir ne participe pas à consolider les fondations de l’Etre. Cette quête de possession peut même occulter l’équilibre de ces pans essentiels de l’existence que sont la vie sociale ou familiale. Réussir dans la vie peut être source de reconnaissance, de motivation, de satisfaction, mais ne suffit pas toujours pour réussir sa vie.
Inspiré d’un texte de sagesse chinois : « l’argent peut acheter une belle maison mais pas un foyer, un lit confortable mais pas le sommeil, une montre hors de prix mais pas le temps, un livre précieux mais pas la connaissance, une position enviable mais pas le respect, des soins médicaux de qualité mais pas la santé, des relations intéressées mais pas l’amitié, des rapports sexuels mais pas l’amour… »
Une activité, qu’elle soit ou non à but lucratif, prend tout son sens si elle est en phase avec mes valeurs personnelles, si elle me procure du plaisir, si elle me permet de développer mon potentiel. Je m’engage alors pleinement, mon attention et ma concentration sont au maximum, je suis en pleine possession de mes moyens. Je perds la notion du temps, absorbé par ma tâche. Mihaly Csikszentmihalyi, pionnier de la psychologie positive, nomme cet état le « flux ». Je vis cette « expérience optimale » lorsque l’activité pratiquée répond aux huit critères ci-dessous :
. Elle est réalisable, mais représente un challenge et demande des compétences particulières,
. Elle nécessite toute ma concentration,
. Son objectif est clairement défini,
. Elle fournit une rétroaction immédiate : je sais si je suis en train de réussir ou non,
. Mon engagement est fort et ne permet aucune distraction,
. J’ai le contrôle de mes actions,
. La préoccupation de ma personne disparaît,
. Ma perception du temps est altérée.
La vivance de ce « flux » peut paraître de prime abord difficile à atteindre. Il me faut bien sûr tenir compte de ma situation actuelle, de mes contraintes financières. Mais je peux dès à présent me mettre en recherche de telles sensations dans ma vie professionnelle ou extra-professionnelle. Partir en quête de stimulations et d’émotions positives, de plaisir.
Cette sensation de plaisir qui me fait tant de bien. Quand je suis sur un nuage, heureux de vivre, parfois même en extase. Cet état de bien-être intérieur en lien avec un phénomène extérieur active naturellement la sécrétion d’hormones bénéfiques à ma santé : dopamine, ocytocine, sérotonine et endorphine qui ont un rôle prépondérant dans mes ressentis positifs.
La production de dopamine survient lors d’un évènement perçu comme agréable. Elle induit un sentiment de plaisir qui stimule l’action pour revivre cette sensation. L’ocytocine est secrétée lors de relations sociales positives. Quand je donne ou reçois un cadeau, un compliment, elle génère de la confiance et de la familiarité qui incite les échanges, l’altruisme. La sérotonine est le témoin de mon humeur. Elle est produite lors de l’activité physique, de l’exposition au soleil ou lorsque j’ai une bonne estime de moi. L’endorphine est secrétée quand je ris ou au cours d’un effort prolongé. Elle réduit le stress, l’anxiété, et amène le calme, la sérénité, voire l’euphorie. Elle a également des propriétés anti-douleur.
A moi de tirer des enseignements sur les évènements favorables à la sécrétion de ces hormones et à en vivre tous les plaisirs possibles : ceux associés à mes rencontres, à mes relations sociales, ceux liés à mes sens, ceux générés par mes réalisations, ma créativité, ceux plus intériorisés comme la contemplation, la méditation, la rêverie ou la réflexion.
Tous ces plaisirs sont à portée de main, à chaque instant. Profiter de ce coucher de soleil, du sourire d’un proche, de chacun de ces moments uniques qu’il m’appartient d’accueillir tel des cadeaux que m’offre la vie.
Au cours de mon existence, je suis amené à assumer plusieurs rôles :
• Au niveau familial : enfant, frère ou sœur, époux ou épouse, conjoint, parent, cousin(e), oncle ou tante, grand parent…
• Au niveau professionnel : ouvrier, employé(e), chef d’équipe, artisan, commerçant, agriculteur, cadre supérieur, patron…
• Au niveau extra-professionnel : ami(e), sportif, membre d’une association, bénévole humanitaire, artiste, passionné(e) en tout genre…
• Sans bien sûr oublier de m’occuper de moi !
Ces rôles se succèdent, se cumulent, se complètent ou s’opposent au fil du temps. Ils construisent ma personnalité et déterminent ma place dans la société. S’ils me permettent de m’affirmer, de me positionner, ils peuvent aussi générer des déséquilibres, en m’enfermant, me catégorisant par des « étiquettes » restrictives. Je dois donc m’adapter en permanence pour donner sa juste place à toutes ces facettes de vie et trouver l'équilibre.
Il peut arriver qu’un rôle prenne le dessus. Soit à l’occasion d’un évènement tel que la venue d’un enfant ou de manière durable tel que l’investissement dans ma vie professionnelle : je néglige ou délaisse alors les autres facettes de mon identité. Et j’oublie le plus souvent de m’occuper de moi-même. Loin d’être un acte égoïste, cela s’avère pourtant être altruiste. Je ne peux en effet partager que ce que je possède. Il me faut moi-même être au mieux si je veux donner le meilleur à mes proches.
Les ancrages du passé peuvent me faire jouer des rôles à mon insu. Ceux adoptés par mes parents ou des personnes référentes que je rejoue par répétition : « Je suis pompier comme mon père et mon oncle l’étaient ».
Mon proche entourage exerce une grande influence sur les rôles de ma vie. Ils essaient, de manière consciente ou inconsciente, de me faire intégrer leurs propres schémas : « Tu dois absolument te marier et avoir des enfants ». Je ne prends pas toujours la mesure du poids de ces expressions qui peut m’éloigner de mes propres représentations. Je fais alors ce que l’on attend de moi, ce qui fait plaisir aux autres.
Je peux, au cours de mon existence, investir un rôle plutôt qu’un autre parce qu’il devient plus gratifiant qu’un autre que je vais délaisser, voire abandonner. Je peux aussi le faire par culpabilité en recherche de perfection dans un rôle défini : « mon seul objectif est d’être un super manager ». Le danger est de se mettre un degré d’exigence trop élevé, une pression de plus en plus difficile à gérer qui peut conduire à l’épuisement, au burn-out. Je me coupe d’autres centres d’intérêts et de mes relations qui ne s’inscrivent pas dans le but à atteindre.
Pour assurer l’équilibre, il me faut assumer de jouer ces différents rôles en cherchant le bon compromis avec les autres acteurs, tout en affirmant et en développant ma personnalité. Réfléchir à des concessions réciproques qui permettent d’apaiser, d’harmoniser ma relation aux personnes concernées. Pour vivre le plus sereinement possible les rôles de ma vie, je me questionne pour chacun d’entre eux sur ma façon de les appréhender :
. « Est-ce que je me sens libre et fidèle à mes valeurs ? »,
. « Est-ce que je suis prisonnier de la pression familiale, des aspirations de mon (ou ma) partenaire ? »,
. « Quelle place est-ce que je donne aux exigences de la vie en société, au souci de soigner mon image ? »,
. « Jusqu’à quel point suis-je contraint par la représentation idéale que s’est forgé mon mental ? »,
. « Qu’est-ce que j’ai laissé en chemin pour intégrer ce rôle ? ».
Exercice : LES TROIS QUESTIONS
j’identifie en trois questions ce qui compte vraiment pour moi et je lui donne une place dans mon quotidien :
« Si j’étais à la fin de ma vie, aurais-je des regrets ? Et si oui, lesquels ? », peut-être le fait d’avoir perdu de vue des connaissances, ne pas avoir suffisamment dit jusqu’à présent à mes proches combien je les aimais, avoir consacré trop de temps à mon activité professionnelle…
« Que manque-t-il à ma vie ? », peut-être découvrir de nouvelles choses, apprendre de nouveaux savoirs, apporter de l’aide aux autres, donner plus d’espace à mes facultés de création, d’imagination…
Et pour finir : « Si le temps et l’argent n’étaient pas un problème, si j’étais sûr de réussir, que ferais-je tout de suite ?"
Je réfléchis ensuite aux moyens de donner corps dès maintenant à ces valeurs, ces actes. Je reconsidère si besoin mes priorités pour accomplir ce qui me paraît essentiel à mon épanouissement. Je modifie en conséquence mon emploi du temps pour y inclure ces choses qui ont du sens pour moi.